Les mystères de l'hiver : Trilogie inédite by Danica Winters

Auteur:Danica Winters [Winters, Danica]
La langue: fra
Format: epub
Google: Vo5oDwAAQBAJ
Éditeur: Harlequin
Publié: 2018-09-30T23:00:00+00:00

13

La soirée de la veille avait été éprouvante. Par bonheur, il avait trouvé ses parents paisiblement endormis quand ils étaient rentrés au ranch. Puisqu’ils étaient sains et saufs, Colter les avait laissés dormir.

Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu aussi peur de perdre ses parents. Cette angoisse avait fait rejaillir de mauvais souvenirs de sa mémoire — des souvenirs de l’époque où ses parents biologiques le laissaient livré à lui-même. À chaque fois, il craignait que quelque chose de terrible ne leur arrive et qu’ils ne reviennent pas. Bien sûr, cette peur avait cessé d’être pertinente le jour où son père l’avait abandonné devant la caserne des pompiers. Quand il était petit, il se demandait souvent si c’était son inquiétude qui provoquait les malheurs des gens autour de lui, comme s’il leur portait la poisse.

Il avait laissé derrière lui sa psychologie d’enfant. Grâce à la vie nouvelle qu’Eloise et Merle lui avaient donnée, il avait compris qu’il ne contrôlait que sa propre destinée — et pas entièrement. Ce n’était pas sa faute si ses parents l’avaient abandonné. Ce n’était pas à cause de lui qu’ils se droguaient et qu’ils le négligeaient, et il n’avait jamais eu le pouvoir de leur faire du mal parce qu’il désirait secrètement qu’ils disparaissent.

Pourtant, ses terreurs d’enfant lui étaient revenues la veille. Il avait eu peur que sa malédiction n’ait frappé sa mère parce qu’il avait évoqué la possibilité qu’elle ait été blessée. Une part de lui s’attendait à la trouver étendue sur le sol. Il était rassuré, à présent, mais cette pensée lui donnait encore la chair de poule.

Il secoua la tête et sortit pour voir comment allaient les chevaux. Deux des évadés sortirent la tête de leur stalle quand il entra dans la grange. Il ramassa une poignée de friandises avant de s’approcher d’eux.

— Espèce de rebelle ! dit-il à la jument, Jingles, en lui en donnant une. J’espère que tu as dormi un peu, contrairement à moi.

Il lui frotta le front.

La jument releva la tête et le fixa. Il aurait presque juré qu’elle se moquait de lui.

En rentrant, ils avaient trouvé les portes de la grange et des stalles ouvertes. Ils avaient interrogé tout le monde pendant une réunion exceptionnelle, dans la matinée, mais personne n’avait admis avoir commis la moindre erreur. À vrai dire, il ne s’attendait pas à ce que le coupable se dénonce, vu l’état dans lequel était sa mère.

Il ne l’avait vue aussi énervée qu’une seule fois : le jour où Rainier s’était fait arrêter.

La porte s’ouvrit derrière lui avec son grincement métallique familier.

Un homme d’une soixantaine d’années aux cheveux encore bruns attachés en queue-de-cheval passa la tête à l’intérieur.

Ce n’était pas un employé, mais Colter avait l’impression de l’avoir déjà vu quelque part.

— Je peux vous aider ? lui demanda-t-il.

— Je cherche Sarah, répondit l’homme d’une voix rauque de fumeur. Est-elle ici ?

— Sarah… Sarah Rizzo ? demanda Colter. La Sarah qui s’occupe du buffet ?

L’homme acquiesça.

— Elle m’a donné rendez-vous ici pour me parler d’un travail.

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